Raymond Zéliker est un personnage marquant et attachant de la vie musicale mancelle. Lorsque l’on l’interroge sur la musique, ses yeux pétillent comme c’est le cas chez tous les vrais passionnés. Avec modestie et ténacité, il a été un infatigable protagoniste de la mandoline et des instruments à plectres en général en tant qu’instrumentiste, professeur de mandoline et chef d’orchestre de la formation Clair Accord.
Les manceaux qui ont arpenté les rues du Vieux-Mans connaissent bien cette vitrine intrigante qu’est le petit musée Histoire de Mandolines, situé dans la grande rue à deux pas du conservatoire.
À l’occasion du festival destination guitare 2012, il a très gentiment présenté quelques unes des plus belles pièces de sa collection : guitares, guitares théorbées, harpolyre…
Raymond Zéliker a accepté de nous parler de sa carrière de musicien amateur, de professeur et de sa participation au festival de guitare.
Monsieur Zéliker, comment vous est venue cette passion pour la mandoline ?
Lorsque jeune, âgé d’une dizaine d’années, n’entendant de naissance que d’une oreille, j’ai absolument voulu faire de la musique. Mais mes parents n’avaient aucune connaissance dans ce domaine. À Paris, dans mon quartier, il y avait des cours de mandoline. J’ai donc pris à dix ans des cours de mandoline, au Pré-Saint-Gervais, puis j’ai appris la mandole, et enfin à dix-huit ans le violon.
J’ai ensuite joué énormément de mandoline dans des orchestres à plectres à Paris, comme le mandoline club de Paris, l’Orchestre à plectres de la SNCF, l’Orchestre à plectres de Paris.
Vous avez réalisé sur la ville du Mans un travail considérable. Si l’on souhaitait le résumer, il s’agit d’abord d’une action de formation…
Oui, j’ai formé des élèves durant 25 ans…
Des professionnels ?
Non, des amateurs, car en France la mandoline n’est pas reconnue comme discipline dans les conservatoires. Et donc l’enseignement de la mandoline est souvent assuré par des autodidactes, ce qui peut poser des problèmes de niveau musical général. Au Japon en revanche, ainsi qu’en Allemagne, la mandoline est reconnue comme instrument dans les conservatoires, avec pour conséquence des formations instrumentales de niveau professionnel, mais pas en France.
Pouvez-vous nous décrire en quelques phrases l’activité de la mandoline au Mans au cours du XXe siècle, parce que l’on ne se rend pas très bien compte de l’engouement suscité par cet instrument ?
Un luthier romain, dénommé Giuseppe Cesolari (1873-1954), est arrivé au Mans en 1904. Il était un très bon mandoliniste, un très bon guitariste, compositeur également, et luthier.
Il a monté un atelier de lutherie, rue Erpell, au Mans. Il y a constitué le premier orchestre à plectres et a commencé à former des élèves. Il a continué jusque vers 1920-1924. L’Estudiantina mancelle, un autre orchestre à plectres, a ensuite pris la relève pendant 20 ans environ.
Quand je suis arrivé au Mans, j’ai appris que la mandoline avait été enseignée après la guerre, et dans les années 72-73 j’ai fait des recherches pour retrouver des anciens élèves. C’est ainsi que j’ai pu constituer un orchestre qui a duré 36 ans ! et puis ensuite…c’est l’inconnu !
Monsieur Zéliker, quel bilan tirez-vous de l’opération conjointe menée entre l’Atelier de la guitare et votre association, histoires de mandolines ?
Eh bien c’est très intéressant, elle a bien mis en valeur le travail fourni, s’agissant d’élèves venant de différentes écoles autour du Mans. Après une bonne répétition de deux heures le résultat était très satisfaisant. Sur le plan de la mise en place des œuvres, j’ai trouvé cela excellent, et j’ai été marqué par le travail musical du chef d’orchestre sur les nuances.
Nous avons ensuite écouté un très bon concert également, avec le récital de Philippe Rayer, de très haut niveau. Personnellement j’ai beaucoup apprécié, et je pense que cela a été partagé par le public. La soirée s’est passée très agréablement avec une très bonne ambiance, énormément de monde.
Votre conférence sur l’évolution de la guitare, les différentes guitares, les différentes techniques, était très intéressante et compréhensible, avec quelques démonstrations musicales de grands élèves. Leur prestation m’a semblé vraiment solide !
De notre part, la participation de mes instruments semble avoir été appréciée aussi, beaucoup de personnes ont eu l’air étonnées de voir des instruments qui sortent de l’ordinaire.
Ensuite les organisateurs ont été charmants, Je trouve que ce que vous avez fait sur des deux jours a été très bien, très réussi !
Si l’on souhaitait entrer en contact avec votre association, comment faut-il s’y prendre ?
Mes coordonnées sont sur la plaquette [à télécharger plus bas], et si un groupe souhaitait me voir je m’arrangerais pour ouvrir !
Comment voyez vous l’avenir pour un orchestre à plectres au Mans ?
Nous avons fait en gros 320 concerts en 36 ans ! Aujourd’hui malheureusement, l’orchestre est relativement âgé et il n’y a plus de formation de mandoline au Mans. L’orchestre est donc amené à disparaître, à moins d’un repreneur…
Qui sait ?
Oui, il faudrait une personne assez jeune, qui reprendrait ce que j’ai fait il y a trente-cinq ans, et puis cela repartira..Il ne faut pas désespérer !
Avis aux amateurs donc, l’appel est lancé ! Monsieur Zéliker, nous vous remercions infiniment !
Histoire de Mandolines : grande rue, 72000 le Mans
télécharger la brochure :
histoire de mandoline document
L’activité de Clair Accord :
http://www.lemans.fr/page.do?t=2&uuid=BAC85CC9-7F000001-029E4E87-D947897A